Playoffs à mieux gérer, finances dans le rouge, propriétaire présent (ou pas) : qu'ont en commun le Standard et l'Antwerp ?
À Liège et à Anvers, l'attention est tournée vers des playoffs que tout le monde espère meilleurs que la saison passée, tout en soignant les finances pour se diriger vers un futur plus serein.
- Publié le 16-03-2025 à 08h19

Le Standard et l'Antwerp ont des points communs et certaines différences. La différence fondamentale est que le premier jouera les Europe playoffs pendant que le second disputera les Champions playoffs. Sur le plan financier, ils partagent un point commun, négatif, ce sont leurs pertes et leur nécessaire besoin de faire attention aux dépenses et de moins dépendre de leurs propriétaires. Le match de ce dimanche, enfin, oppose deux équipes à la philosophie de jeu différente. État des lieux.
La situation sportive
Le Standard à sa place (et même mieux), l'Antwerp aussi (mais…)
La saison passée, le Standard et l'Antwerp ont traversé les playoffs comme des zombies. Les Anversois n'ont gagné que deux des dix matchs de Champions playoffs, les Rouches aucun en Europe playoffs. L'idée, cette fois, est de faire mieux, forcément.
Le Standard, qui a cru jusqu'au bout aux Champions playoffs, va se contenter des Europe playoffs. Mais qu'il finisse dans la colonne de gauche du classement au terme de la phase régulière peut être perçu comme une réussite sur base du noyau mis à la disposition d'Ivan Leko, d'une enveloppe pour les transferts limitée et d'un contexte général incertain.

À l'Antwerp, manquer les Champions playoffs aurait été un échec retentissant. Mais Jonas De Roeck a qualifié le Great Old lors de la 28e journée… avant d'être remercié. L'entraîneur a payé l'élimination en demi-finales de Coupe de Belgique, des performances décevantes (partages contre OH Louvain et au Cercle Bruges), et la crainte de revivre des Champions playoffs sans saveur.
8 sur 30 contre les membres du Top 6
De Roeck, qui se doutait de l'instabilité de son poste, a été remplacé par Andries Ulderink, mais le résultat n'a pas changé : une défaite contre Gand (0-1) et un bilan, contre les autres membres du Top 6, peu rassurant : 8 sur 30. C'est autant de points pris que le Standard contre ce même Top 6…
La situation financière
Dans le rouge et encore trop dépendant du propriétaire
L'Antwerp et le Standard ne partagent pas que la même couleur de maillot. Ils partagent aussi des finances dans le rouge, qui nécessitent des ajustements. Au Standard, la dette (69 millions €), historique, au 30 juin 2024, sera résorbée pour partie grâce à l'intervention d'A-CAP, l'actionnaire, des réductions salariales et des efforts en interne.
Mais il apparaît que ce ne sera pas encore assez, que des fournisseurs sont à nouveau en attente de paiements et que le scénario optimiste de revenir à 15 millions € de dettes, au 30 juin prochain, ne prend pas en compte les dettes à plus d'un an. Si la situation comptable est moins dramatique qu'il y a un an, quand il était question de faillite, elle reste problématique. Une qualification pour les Champions playoffs aurait donné un peu d'air.

Ce ne sera pas le cas, et il est à craindre une perte de l'ordre de 10 millions € au moins, encore, alors qu'elle était de 25 – chiffre historique – au 30 juin 2024. Les transferts de l'été passé, et celui d'Isaac Price l'hiver, vont rapporter près de 13 millions €. Ils sont une fameuse bouée de sauvetage, mais il sera difficile de refaire le même coup l'été prochain, entre les joueurs en prêt (avec des options d'achat à lever, et donc de l'argent à dépenser…) et ceux à la valeur marchande limitée.
Une masse salariale de 60 millions à l'Antwerp…
Transférer, l'Antwerp l'a largement fait, ces deux dernières saisons. Il a vendu pour 100 millions €, selon les données reprises par le site spécialisé Transfermarkt. Le doublé de 2023 et la participation en Ligue des champions ont rapporté de l'argent, mais ont eu un coût, aussi. La masse salariale, pour ne prendre que cet exemple, était de 63 millions €, dont 40 pour le noyau, la saison passée.
Au dernier bilan comptable, la dette était de 12 millions €, ce qui était déjà une nette progression par rapport à l'année précédente puisque la perte, record, et jamais vue en Belgique, avait été de 46,5 millions €… Paul Gheysens, via sa société Goala, est intervenu en recapitalisant à hauteur de 35 millions €. Mais une meilleure maîtrise des coûts est donc nécessaire.
C'est dans cette logique que les deux derniers mercatos ont été moins dispendieux (18 millions € dont 5 pour lever l'option de Keita vendu dans la foulée à Parme pour 11,8).
Le propriétaire
Gheysens très présent, A-CAP à conditions
L'Antwerp ne changera pas de propriétaire, ou en tout cas pas tout de suite. Paul Gheysens semble toujours attaché à son club et la manière dont il a renfloué le club est une preuve de son attachement. Sa volonté d'obtenir un accord et un permis, de la ville d'Anvers, pour la rénovation de la tribune 2 en est une autre.
La tribune 2, inutilisée depuis le retour de l'Antwerp en D1A en 2018 pour des raisons de sécurité, pourra bien être abattue et remplacée par une nouvelle tribune, temporaire dans un premier temps – bail de dix ans –, d'une capacité de 8 700 places. Cela permettra de porter la capacité du Bosuil à 21 000 places. Les travaux, si tout se passe bien, débuteront l'été prochain.

Gheysens, s'il s'appuie sur son CEO Sven Jaecques et Marc Overmars, son directeur sportif, reste un propriétaire interventionniste, comme l'a démontré le licenciement de De Roeck.
Au Standard, un prix de vente… dettes comprises
Au Standard, A-CAP n'est pas dans une logique de construction, mais plutôt de déconstruction. Le propriétaire américain, qui a pris la suite de 777 Partners, cherche à vendre le club liégeois, mais selon quelques conditions, qui changent au fil des semaines. Aux candidats acheteurs qui se sont manifestés (deux ou trois selon les sources), il a été demandé plusieurs éléments et garanties pour le rachat.
Mais une fois ces conditions remplies, la limite est encore repoussée, selon un calcul qui interpelle. A-CAP intègre en effet dans le prix d'achat du club la gestion de la dette. Les Américains aimeraient vendre le Standard plus cher que le prix payé par 777 Partners à Bruno Venanzi (23 millions €, stade compris) – une gageure –, en ajoutant quelque 20 millions de dettes à supporter, ce qui pourrait amener à un prix total de 50 millions €. C'est ce qui ressort de discussions avec certains candidats… mais pas tous.
La méthode américaine interroge, au point que certains imaginent qu'A-CAP ne cherche pas à vendre, mais à se trouver un partenaire pour poursuivre l'aventure, afin de gagner un peu de temps (et un peu d'argent), avant une vente effective. Le propriétaire américain, prêt à donner les garanties nécessaires à l'obtention de la licence pour la saison prochaine, laisse pas mal de monde circonspect, à Liège. Jusqu'au ras-le-bol ?