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Banderoles sur les Rabiot : le message n’est pas passé

Par Nicolas Kssis-Martov
6 minutes

Comme souvent cette dernière décennie, le Classique s’est moins joué sur le terrain qu’en tribunes. La condamnation des chants insultants et surtout des banderoles sur Adrien Rabiot et sa mère, Véronique, prennent une ampleur grandissante, renvoyant le football à ses démons et ses responsabilités.

Banderoles sur les Rabiot : le message n’est pas passé

L’ambiance est délétère aujourd’hui autour des tribunes de foot. Dimanche soir, lors du PSG-OM remporté aisément par les joueurs de la capitale (3-1), l’atmosphère s’est encore davantage alourdie. Le virage Auteuil, où réside le Collectif Ultras Paris, n’avait clairement pas envie de suivre les recommandations de bonne conduite préconisées par le PSG. Les chants ont redoublé, et surtout, des banderoles ciblant l’ancien de la maison Adrien Rabiot et sa mère Véronique, par ailleurs son agente, ont été déployées sans qu’aucune réaction, notamment de la part de l’arbitre ou des délégués de la LFP, ne surviennent, notamment les fameuses interruptions de match promises pourtant avant la rencontre.

Le contenu du texte outrepasse les habituels « chambrages » et autres volontés de rabaisser l’adversaire du soir. « Véronique, la sal… »« Loyauté pour les hommes, trahison pour les putes. Telle mère, tel fils. Vero, c’est lequel son vrai père ? Dehu, Fiorese, Cana ou Heinze ? »« Pu.. de mère en fils ». Sexiste, dépourvu d’humour ou d’une quelconque réflexion sur les conséquences, le but était-il clairement d’afficher son droit à la transgression et de défier les « bien-pensants » ? Il n’y avait surtout plus que de la rage et de la haine.

Un souci de texte et de contexte

Il ne s’agit pas de disserter sur le statut du « traître », surtout dans le foot actuel (Bradley Barcola en sait également quelque chose). Le cœur du problème se situe à un niveau largement plus bas du front. Les auteurs de cette prose imaginaient peut-être faire « comme d’habitude », pouvaient-ils sérieusement imaginer passer à travers les gouttes de l’indignation dans le contexte d’un Classique où tous les regards du foot français et des médias seraient tournés vers le Parc ? Alors que par ailleurs, la tentation de la répression s’accentue sur les ultras, quel intérêt et quelle utilité de bâcher son soutien envers les ultras menacés de dissolution par Bruno Retailleau pour ensuite balancer ce type de message en guise de CSC ? S’agissait-il d’un défi par rapport aux appels du club à la raison et la mesure ? Il n’existait donc pas d’autres moyens d’enflammer ce match ?

Il ne faut pas me dire que les clubs ne sont pas au courant. Ils savent très bien qu’il y a des banderoles.

Véronique Rabiot

Cette fois, les victimes n’ont pas fait profil bas, comme il leur est souvent demandé. D’abord, Adrien Rabiot sur ses réseaux sociaux, y devinant la main de son ancien patron. « Insulter une mère, et un père décédé… Tout se paye un jour. Vous ne l’emporterez pas au paradis. Croyez-moi. Nasser (al-Khelaïfi, le président du PSG), tu peux avoir tout l’argent du monde et même plus, la classe ça ne s’achète pas. » Sa mère a également et clairement ciblé la responsabilité du club : « Si le PSG a sa part de responsabilités ? Évidemment ! Pensez-vous qu’on peut faire entrer des banderoles de cette taille sans que personne ne soit au courant ? Il les a planquées où le gars ? Dans son slip ? Non ! Bien sûr que non ! Il ne faut pas me dire que les clubs ne sont pas au courant. Ils savent très bien qu’il y a des banderoles. Ils n’ont qu’à demander à les voir. Et puis, quand elles sont sorties, je n’ai pas l’impression que les stadiers se soient précipités pour les faire retirer. Moi, il m’est arrivé de fumer dans un stade : immédiatement, on est venu me demander d’éteindre ma cigarette. Tout le monde avait été prévenu qu’en cas de chants homophobes, le match serait arrêté. Or, il ne l’a pas été. Il y a deux poids, deux mesures. » Au passage, et pour mémoire, les slogans homophobes provoquent rarement la suspension d’une rencontre…

Un cas qui pourrait faire école

Mais surtout, Mme Rabiot a su, au-delà de ses outrances et paranos ordinaires, en faire une affaire dépassant une banale péripétie regrettable lors du choc entre les deux rivaux historiques. Elle a ainsi annoncé son intention de porter le cas devant les tribunaux, rejointe depuis par l’OM. Si elle tient parole, cette procédure constituerait une rupture, voire une jurisprudence. Loin de l’adage du « ne pas rentrer dans leur jeu », régulièrement exigé des personnes qui subissent ces attaques depuis les gradins, elle rend les coups, à tout le monde, et d’abord aux supporters parisiens. Dans les colonnes de L’Équipe, elle monte sur le ring : « Que les supporters viennent me parler en face à face, un par un, qu’ils viennent me le demander, qui est le père d’Adrien. Un par un. Et ils ne le feront pas. Parce que, de la même manière qu’il est facile de se cacher derrière son écran, c’est facile de se cacher parmi trois ou quatre mille personnes. »

 

Ensuite elle pointe, tous azimuts, les fautifs : l’arbitre, la LFP, le PSG, puis la ministre des Sports. D’un dérapage dans un virage, elle en a fait un sujet de société, presque une affaire d’État. Du coup, tout le monde doit réagir. La Fédération française de football (FFF) notamment qui condamne, par la voix de son président Philippe Diallo « avec la plus grande fermeté les banderoles et chants injurieux vus et entendus hier au Parc des Princes. En particulier, les insultes proférées à l’encontre d’un joueur et de sa famille par des supporters irresponsables qui sont indignes, honteuses et révoltantes. » La direction du Paris Saint-Germain a aussi tenu à se dédouaner auprès du réseau Ici Paris-Île-de-France, rappelant pour le coup les casseroles que se traînent d’autres pensionnaires de Ligue 1 : « Le club condamne fermement toute initiative portant atteinte à la dignité et appelle l’ensemble des acteurs à adopter la même position, afin de garantir des tribunes exemplaires, sereines et respectueuses. » Une manière évidemment de défendre par anticipation quand arrivera la convocation devant le conseil de discipline de la Ligue.

Ça nous amène à beaucoup plus de fermeté et au lieu d’autoriser des choses, on va être dans la sanction et dans l’interdiction.

Marie Barsacq, ministre des Sports

Et enfin, et surtout, Véronique Rabiot a interpellé directement la ministre des Sports : « On ne l’entend pas, là. Pourquoi on ne l’entend pas ? » Marie Barsacq, depuis, a dû se positionner et dénoncer sur France Info « avec la plus grande fermeté les banderoles insultantes et les chants injurieux », promettant que « du côté de l’État, on travaille sur ces sujets-là, avec Bruno Retailleau et Gérald Darmanin (ministres de l’Intérieur et de la Justice, NDLR), pour mieux identifier les auteurs de tels délits ». Elle reprend même partiellement l’argumentaire de Véronique Rabiot, en rappelant qu’il s’avère « important d’identifier la responsabilité de chacun : celle de la Ligue (de football professionnel), celle des clubs, celle de l’État aussi quand il s’agit de sanctionner ». Avant de conclure avec les traditionnelles promesses de fermeté : « Ça nous amène à beaucoup plus de fermeté, et au lieu d’autoriser des choses, on va être dans la sanction et dans l’interdiction. » Quoi qu’il en soit, en refusant le silence, Adrien et Véronique Rabiot ont remporté une première victoire, cette banderole squatte désormais l’actualité, et n’est donc plus considérée comme une banale blague de mauvais goût.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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