Mode d’emploi pour le prochain diffuseur de la Ligue 1

→ Un abonnement unique à 19,99 euros

Joseph Oughourlian appréciera cette idée. On ne retiendra malheureusement pas celle d’une chaîne de la Ligue, vu les fins négociateurs qu’on y trouve, ayant brillamment dressé un objectif de droits TV à un milliard d’euros pour finalement empocher et redistribuer moins de la moitié à ses clubs. Au vu de la situation du foot français, mieux vaut rester sur l’idée d’un diffuseur externe, capable d’afficher un tarif combinant compétitivité et offre de contenu décente. Autre grand point : centraliser l’ensemble des rencontres de Ligue 1 sur une même chaîne, et ainsi éviter les croisements incessants (comme on a pu voir avec le couple DAZN-Bein Sports) qui nécessitent de souscrire à plusieurs abonnements pour un seul et même championnat.

Cette décomplexification de l’offre justifierait également le prix de 19,99 euros (pour ne pas dire 20 euros et appliquer les bonnes vieilles techniques commerciales), à mi-chemin entre l’aberrant tarif de départ de DAZN et le dernier abonnement potable de Prime Video, autour des 15 balles par mois. Puis naturellement, dans l’esprit collectif, une baisse de prix d’un diffuseur à l’autre est bien plus incitante que le contraire. Et limite les tentations d’un IPTV à 35 euros par an ou d’un lien Telegram plus saccadé qu’un Montpellier-Angers.

→ L’affiche de Première Ligue incluse

On n’allait quand même pas l’oublier, notre Première Ligue dont le processus de professionnalisation a enfin été lancé il y a moins d’un an. Si celle-ci doit s’acquitter d’un autre diffuseur pour se différencier et s’émanciper, pourquoi ne pas proposer la plus grosse affiche de chaque journée aux alentours de 18h, sur la future chaîne phare du football français. Un horaire qui a toujours bien marché chez nos amis anglais, et qui permettrait à la rencontre du week-end d’attirer peut-être un peu plus de curieux entre deux rencontres de Ligue 1.

→ Le retour d’un vrai plateau d’avant-match

Fini les prises d’antenne à 15 minutes du coup d’envoi, les vannes de David Azria et les pseudo-showcase à trois francs six sous des artistes du moment. Spotify et les concerts existent pour ça. Un avant-match sert à donner envie de regarder la rencontre, et donc à parler football. Sans vouloir remixer une énième fois une version Canal Football Club déjà obsolète, il faut redonner envie à son téléspectateur. En ce sens, le modèle CBS est à suivre : pas plus de cinq personnes autour d’une table, un mélange de journalistes et d’anciens joueurs bien huilé, des analyses précises et quelques punchlines pour alimenter les réseaux et taper dans l’œil de la jeunesse. Avec Titi Henry, si possible.

→ Une Équipe du dimanche avec des images et du talk

Qui d’autre que Thomas Thouroude pour assurer ces débats ? Le modèle EDD, c’est intemporel, un peu comme les Timberland. Comme il apparaît compliqué de réunir tous les résumés des cinq grands championnats européens étant donné la diversité de l’offre, pourquoi ne pas étendre le modèle « EDD » à la Ligue 1 et au football français, en proposant des images de tous les championnats nationaux et un talk-show pour espacer le tout. Mais les nouvelles pratiques de consommation ordonnent de donner un petit coup de jeune à l’émission. En la diffusant par exemple sur Twitch, plateforme très prisée des jeunes où les plages d’audiences sont très étalées, même entre 23h et minuit. Invitez des personnalités du foot, des streamers pour calmer cette diablesse de Kings League, et c’est parti. Seule requête : garder Come Closer de Guts en musique. Les frissons.

→ Ressusciter J+1 pour toujours plus de coulisses

L’émission chère à Stéphane Guy et imaginée par Laurent Salvaudon doit redevenir un moment incontournable dans le paysage du foot français. De la grosse marrade, une légèreté dont aurait bien besoin ce monde très tendu, et des coulisses. Beaucoup de coulisses. Pour cela, les clubs doivent aussi jouer le jeu et s’ouvrir davantage, ce qui n’a pas assez été le cas au goût de DAZN cette saison. Alors, avec ou sans Julien Cazarre ?

→ Une chaîne Youtube digne de ce nom

Justement, c’est l’un des principaux points de refonte quant à la diffusion de notre bonne vieille Ligue 1. Cette chaîne Youtube, ce n’est plus possible : des résumés bâclés, un récap diffusé trois jours après le premier match de la journée avec un commentateur différent à chaque fois (un hashtag #FreeJocelynVeluire avait même été lancé)… Pourquoi ne pas proposer des courts résumés montés dès le coup de sifflet final ? Comme le fait la Liga en Espagne. Et proposer encore plus de contenu, même si quelques concepts intéressants ont vu le jour ces derniers temps. En bonus, il faut absolument moderniser le site et le transformer en mine d’archives. Merci.

→ Eric Besnard au multiplex

Peu importe la chaîne, on le veut aux commandes de ce rendez-vous culte. Monsieur multiplex de la chaîne Canal+ a repris une belle hype avec la Ligue des champions nouvelle formule et ses tonnes de matchs en même temps. Une voix qui parle à tout fan de football, capable de maintenir un suspense haletant à coups d’interruption et de « but à La Mosson ! » Enfin, plus pour longtemps, la Mosson.

→ Un pass Ligue 2 avec l’affiche de N1

Visiblement partante lorsqu’il faut assumer plusieurs diffuseurs en même temps, la LFP appréciera sûrement l’idée d’un diffuseur 100% Ligue 2. Mais l’enjeu principal, afin que ce regain d’audience pour le foot français ne se polarise pas uniquement sur la Ligue 1, se trouve aussi dans la diffusion des autres divisions. En ce sens, cette offre inclura l’affiche principale du National 1, sur la voie d’une professionnalisation et d’une mutation vers la Ligue 3. Et puis quelques droits TV pour nos clubs de troisième div’, ça ne peut être que bénéfique. Le message est passé.

En gros, c’est Canal+, mais en mieux et en plus moderne.